J'ai appris le Métier de photographe à l'école des Gobelins à Paris.
L'enseignement dispensé répondait aux attentes de ce secteur de l’économie.
Le savoir faire y était célébré, l'Art prudemment tenu à distance.
C'est intuitivement, en autodidacte que je m´y suis formé. De bienveillants
parrains et quelques succès, m’ont encouragé dans la voie entreprise.
Mais, ne pouvant tirer de mon travail les moyens de ma subsistance,
rattrapé par les contingences, j'ai remisé cette ambition. Sans affectation,
j'avoue même un certain plaisir, j'ai pratiqué le métier que j'avais appris.
Aux heures solitaires, comme une ascèse, j'ai exploré ma liberté. Le monde
n’appelle pas sa représentation. La photographie est désinvolte, la question
de la posture domine sa pratique et, consubstantielle, celle de son imposture.
Mon obsession inaltérable d’échapper à la fonction m'a convaincu de la
légitimité de mon travail d'artiste. Il m'est une nécessité, le seul fil continu
au cours des années.